Избранные письма. 1854–1891 - страница 35



Écoutez-moi, écoutez-moi, je vous dis. Pendez cette image devant vous pour qu'elle soit toujours à la portée de vos regards. Faites un effort sur vous pour lire le petit livre jusq'au bout une fois. Cela suffit. Vous verrez la poésie sublime de ce lyrisme chrétien. Faites un effort pour commencer. Je sais que vous l'ouvriez presque avec aversion… Mais je sais aussi que vous changerez d'idées et de goût dans quelques jours…

Cette image est une copie d'une image miraculeuse qui se trouve au Mont-Athos. Je connais la force… La Divinité, la Sainte Vierge et les saints ont deux manières d'agir sur un homme qui s'incline devant eux – une manière instantanée que l'on nomme miracle et dont j'ai fait moi-même une expérience éclatante au Mont-Athos; et une autre naturelle et lente, mais fort sensible pour un esprit attentif. C'est à dire en grouppant les circonstances ordinaires de la vie d'une façon profitable pour notre rétablissement moral et physigue. Vous en avez aussi un exemple sur moi. J'arrive à Cple dans un état déplorable, sans argent, sans aucune chance pour mon avenir, avec une espèce de terreur inférieure qui me dévore presqu'à chaque instant, même au milieu d'une conversation animée et qui semble être fort gaie; avec une santé abîmée… Mais j'arrive dans cette capitale avec la ferme conviction que с'est Dieu qui l'a voulu, que c'est la Sainte Vierge qui a bénit ce voyage. Qu'arrive-t-il? La santé se rétablie, les amis sont aimables et hospitaliers, l'argent arrive toujours au moment où je ne sais plus que faire. Tantôt c'est le Ministère qui me donne tout un tierçal (= «Tier-çon») d'une manière inattendue, tantôt c'est le «Русский Вестник» qui envoie 1.000 roubles. Maintenant je n'ai que 10 livres turques, je ne sais ce que (je) mangerai dans ma nouvelle maison et ce que j'enverrai à ma femme pour le mois de mai… Mais je ne crains pas. Je sais que l'argent viendra de quelque part: car Dieu le veut et il rendra les hommes plus intelligents qu'ils ne paraissent, peut-être, dans un moment de doute…

La santé s'est rétablie, la terreur est passée, la femme a été tout bien que mal nourrie et habillée tout le temps, le «Русский Вестник» me fait des avances, Chalky me plait, mes articles ont du succès, j'écris beaucoup…

Voilà ce que je nomme disposer les circonstances en notre faveur, la seconde façon d'agir. Quant aux miracle, je vous ai raconté ce qui m'est arrive au Mont-Athos avec mon bras malade et avec les deux Évangiles.

Hélas! Dois-je vous l'avouer? J'ai peur… La crainte du ridicule peut-être? Un homme comme tout le monde, un Léontiew que nous connaissons tous, un vieux débauché qui se fait mystique lorsqu'il ne peut plus être débauché (on peut toujours l'être, Madame, on trouve mille moyens de l'être) se prend à faire l'apôtre de l'Orthodoxie… C'est terrible, le ridicule, n'est-ce pas.

Allons donc, Madame, allons donc! Je me trompe… C'est vous; c'est à vous que je m'adresse… À vous!

Que la bénédiction de Dieu soit avec vous; quant à mes humbles et mauvaises prières, elles ne manqueront pas…

Il y a encore de bonnes maisons à Chalky qui ne sont pas louées. Qu'en dites-vous, ou qu'en disent les médicins «tou cos-mou toutou»?

Votre dévoué: Léontiew

П Е Р Е В О Д

Сударыня, драгоценнейший и добрейший друг мой! С величайшим сожалением узнал я, что Вы все еще больны и не встаете с постели… Но скажите мне только одно: Вы сделаете для меня исключение и примете у себя в спальне. Я оставлю все свои занятия ради того, чтобы видеть Вас. И если Вы забыли, что имеете во мне