В начале было Слово. Учебно-методическое пособие по богословскому переводу (французский язык) - страница 2



Et, quelques dizaines de pages plus loin, Saint Irénée utilise l’autre variante provenant du grec révisé pour exprimer la nature divine du Christ: « D’une part il est «homme», «sans gloire», «soumis à la souffrance» (cf. Is 53, 2—3) […] D’autre part, il est le «Seigneur Saint», «Admirable», «conseiller […] «Dieu fort»» (Contre les hérésies, III, 19, 2, 3).

Dans sa Démonstration de la prédication apostolique, saint Irénée cite également les deux formes du texte d’Isaïe pour exprimer les deux natures du Christ. « (Isaïe) l’appelle «admirable conseiller» d’abord du Père. C’est par son conseil que le Père fait tout en commun avec lui, comme il est dit […] «faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance» (Gn 1, 27) … mais il est aussi notre conseiller demeurant avec nous, nous donnant des avis, sans nous faire violence comme nous, lui qui est cependant le Dieu fort» (Démonstration de la Prédication apostolique, §55). Il est remarquable que les deux variantes, citées successivement, permettent à Saint Irénée de montrer ici la continuité de l’œuvre du Christ, de la création de l’homme à l’Incarnation.

Origène aussi connaissait ces variantes et les avaient notées en mettant en parallèles texte hébreu, LXX et versions révisées dans ses Hexaples5.

Il montre l’importance de ces variantes: pour lui, « une prophétie qui ne se trouve pas chez les LXX… mais qui figure dans l’hébreu (est) pleine d’enseignement nécessaire, qui peut […] convertir notre âme» (Homélies sur Jérémie 16, 10). S’il existe deux leçons, « il faut à la fois expliquer la leçon ordinaire qui a cours dans les églises et ne pas laisser inexpliquée celle qui vient de l’hébreu» (14,3; 15,5). Il faisait donc des commentaires spirituels sur les variantes elles-mêmes.

Les Pères reconnaissaient donc cette pluralité textuelle: ils citaient la LXX, les versions révisées et accordaient donc une certaine valeur à l’hébreu officiel sous-jacent.

On peut donner un autre exemples: les « non messianismes» de la Septante, c’est-à-dire le coup d’arrêt donné par la tradition grecque à l’interprétation messianique du texte hébreu.

Si le texte de la Septante a favorisé réellement une lecture messianique chrétienne – on peut faire toute une liste de versets en grecs annonçant le Messie chrétien, d’autres textes révèlent au contraire un non messianisme au bénéfice de l’équivalent hébreu. Par exemple, quand Matthieu (2, 15) veut justifier le retour d’Égypte de Jésus et de sa famille qui avait fui Hérode, il cite le prophète Osée (11, 1) qui dit à propos d’Israël: « Quand Israël était jeune, je l’ai aimé, et d’Égypte, j’ai appelé mon fils». Alors que la LXX dit: « Parce qu’Israël (était) en bas âge, moi aussi je l’ai aimé et, d’Égypte, j’ai appelé ses enfants», ce qui ne pouvait pas être utilisé par l’Evangéliste comme lecture messianique typologique du Christ: seul «mon fils» peut désigner Jésus. Matthieu utilise-t-il un autre modèle grec proche du texte hébreu standard? Ce sera en tout cas la future lecture massorétique d’Osée 11,1.

Ces variantes ont donc pénétré dans le Nouveau Testament et dans l’Église chrétienne. Dès les écrits rédigés en grec que l’on réunira sous ce nom, les citations de l’Ancien Testament y sont faites selon le grec de la Septante, et parfois sous une forme révisée sur l’hébreu: Jn 19,37 cite Za 12,10 selon Théodotion: « Celui qu’ils ont transpercé», et non selon la LXX: « Parce qu’ils ont dansé autour de lui avec