Contes de l'empire Primorskoie tsarstvo - страница 2



– Pourquoi vous l'embêtez? Pourquoi vous lui parlez comme ça? – leur demande Ivan.

– A qui cela peut-il servir, un poulain dans cet état? – répondent les palefreniers, – rien qu'à la regarder, nos merveilles de chevaux vont être contaminés. Plus vite il crèvera, mieux ce sera.

– Et à qui est-il, ce pauvre animal?

– A personne. Quand on a amené les chevaux au marché, il s'est collé au troupeau. D'abord, on voulait le prendre, puis on a compris qu'il n'y avait rien à en tirer.

– Peut-être que moi je peux le prendre alors?

– Prends-le, – lui disent les palefreniers.

Ivanouchka prit le poulain malade avec soi. Il le lava avec de l'eau de source et, avec le kopek que sa mère lui avait donné, il acheta du pain pour nourrir la pauvre bête. Et il lui fit faire tout le trajet jusqu'à la maison en télègue.

Ses frères crièrent sur Ivan tant qu'ils purent en disant qu'il était mauvais. Au retour, ils ne laissèrent pas le poulain passer le portail de la maison. Ils prétendaient que le bétail au contact des croûtes allait être malade à son tour.

Ivan ne trouva pas d’autre solution que d'aller où ses yeux le portaient. Il choyait et câlinait son poulain. Il lui fit boire de l'eau de source et le fit paître dans les vertes prairies. Bientôt le poulain fit sa guérison, dès qu'il fût guéri, il se mit à grandir non pas de jour en jour, mais d'heure en heure. Au bout du sixième jour, le poulain souffreteux est devenu un magnifique coursier racé. Son poil soyeux poudré d'or étincèla et sa crinière légère flotte au vent. Ivanouchka baptisa son cheval Zlatibor.

Le matin du septième jour, Ivan entend soudain le cheval lui parler d'une voix humaine:

– Merci à toi de m'avoir ainsi sauvé la vie et de m'être venu en aide.

Ivan pétrifié en tomba à la renverse. Un cheval qui parle avec une voix d'homme, cela ne se pouvait!

Mais le cheval poursuit comme si de rien n'était:

– Je suis né au pays Enchanté. Je paissais avec ma mère dans les vastes prairies. Mais j'étais désobéissant, je voulais toujours galoper plus loin. Un jour, j'ai galopé si loin que je me suis retrouvé dans vos contrées, sans même m'en rendre compte. Et sans ta bonté, j'aurais sûrement péri. Il est temps maintenant que je rentre au pays enchanté.

Ivan se sentit très triste. Il aimait énormément Zlatibor.

– Où est-il, ton pays enchanté? – demanda-t-il. – N'est-il pas possible que je t'y accompagne, pour voir comment tu vis?

– Mon pays est partout autour de toi. Mais il est invisible. Et toi, tu ne peux pas entrer au pays enchanté. Nul homme ne pourra jamais trouver le chemin pour y aller. Mais ne sois pas triste. Sitôt que tu auras besoin de moi, tu n'auras qu'à t'avancer au milieu d'un pré et émettre le sifflement des chevaliers, puis m'appeler par mon nom, alors j'apparaîtrai au même instant.

Sur ces mots, il disparut.

Ivan avait bien du chagrin, mais que faire! Il rentra chez lui, et raconta les choses comme elles s'étaient passées. Mais personne ne crût un mot de son histoire.

Les jours passaient, l'un après l'autre. Ivan s'ennuyait tant de son cheval, il eut envie de galoper dans les champs. Il s'avança dans un pré, émit le sifflement des chevaliers et appela Zlatibor. A cet instant même il le vit: le cheval de feu nimbé d'or bondissait vers lui. Et la terre tremblait de son galop.

– Que désire Ivan? – demande le cheval.