Maria (Français) - страница 21



L'a-t-il dit ?

–Oui ; votre père, rassuré sur ce point, a tenu à ce que je vous le fasse savoir.

Alors, est-ce que je peux recommencer à être avec elle comme avant ? demandai-je d'un air exaspéré.

–Presque…

Elle m'excusera, n'est-ce pas ? Le médecin a dit qu'il n'y avait aucun danger ? -J'ai ajouté qu'il fallait que Charles le sache.

Ma mère m'a regardé étrangement avant de me répondre :

–Et pourquoi le lui cacher ? Il est de mon devoir de vous dire ce que je pense que vous devez faire, puisque les messieurs de M*** doivent venir demain, comme ils l'ont annoncé. Dites-le à Maria cet après-midi. Mais que pouvez-vous lui dire qui suffise à justifier votre détachement, sans passer outre aux ordres de votre père ? Et même si vous pouviez lui parler de ce qu'il a exigé de vous, vous ne pourriez pas vous excuser, car il y a une cause à ce que vous avez fait ces jours-ci, que vous ne devez pas découvrir par orgueil et par délicatesse. Voilà le résultat. Je dois dire à Marie la véritable cause de votre chagrin.

Mais si vous le faites, si j'ai été léger en croyant ce que j'ai cru, que pensera-t-elle de moi ?

–Il vous trouvera moins mauvais que de vous considérer comme capable d'une inconstance et d'une inconséquence plus odieuses que tout le reste.

–Vous avez raison jusqu'à un certain point ; mais je vous prie de ne rien dire à Maria de ce dont nous venons de parler. J'ai commis une faute, qui m'a peut-être fait souffrir plus qu'elle, et il faut que j'y remédie ; je vous promets que j'y remédierai ; je ne demande que deux jours pour le faire convenablement.

Alors, dit-il en se levant pour partir, tu sors aujourd'hui ?

–Oui, madame.

Où allez-vous ?

Je vais rendre à Emigdio sa visite de bienvenue, et c'est indispensable, car je lui ai fait savoir hier par le majordome de son père qu'il m'attendait pour le déjeuner d'aujourd'hui.

–Mais vous rentrerez tôt.

–A quatre ou cinq heures.

–Venez manger ici.

Es-tu à nouveau satisfaite de moi ?

Bien sûr que non, répondit-il en souriant. Jusqu'au soir, donc : vous transmettrez aux dames mes meilleures salutations, de ma part et de celle des filles.

Chapitre XVIII

J'étais prêt à partir quand Emma est entrée dans ma chambre. Elle fut surprise de me voir avec un visage rieur.

Où vas-tu si heureux ?", m'a-t-il demandé.

–J'aimerais n'avoir à me déplacer nulle part. Pour voir Emigdio, qui se plaint de mon inconstance sur tous les tons, chaque fois que je le rencontre.

–Quelle injustice ! -Il s'est exclamé en riant. Injuste, toi ?

Pourquoi riez-vous ?

–Pauvre chose !

–Non, non : vous riez d'autre chose.

–C'est bien cela", dit-il en prenant un peigne sur la table de bain et en s'approchant de moi. Laissez-moi vous coiffer, car vous savez, monsieur Constant, qu'une des soeurs de votre ami est une jolie fille. Dommage, continua-t-elle en peignant les cheveux à l'aide de ses mains gracieuses, que maître Ephraïm soit devenu un peu pâle ces jours-ci, car les bugueñas ne peuvent imaginer une beauté virile sans des couleurs fraîches sur les joues. Mais si la sœur d'Emigdio était au courant de....

–Tu es très bavard aujourd'hui.

–Oui ? et tu es très joyeux. Regarde-toi dans le miroir et dis-moi si tu n'as pas l'air bien.

–Quelle visite ! m'exclamai-je en entendant la voix de Maria appeler ma sœur.

–Vraiment. Comme ce serait mieux de se promener sur les sommets du boquerón de Amaime et de jouir du… grand paysage solitaire, ou de marcher dans les montagnes comme du bétail blessé, en chassant les moustiques, sans se préoccuper du fait que le mois de mai est plein de nuches…, la pauvre, c'est impossible.