Pièces choisies - страница 28
Entre une Femme extrêmement piquante, bien habillée.
LA FEMME. Bonjour.
MICHEL. (Joyeux.) C’est toi ?
LA FEMME. Comme tu vois, chéri.
MICHEL. Ça tombe bien, que tu sois venue !
MICHEL et LA FEMME s’enlacent et s’embrassent.
LA FEMME. Arrange ta chemise et coiffe-toi. Comment vas-tu ?
MICHEL. À merveille.
LE DOCTEUR. Permettez, qui êtes-vous ?
MICHEL. C’est ma femme.
LA FEMME. (Tendant la main au docteur.) Je m’appelle, comme vous le savez déjà, Irène. Irène Grelot.
LE DOCTEUR. Enchanté.
IRÈNE. Lorsque vous m’avez téléphoné, j’étais tout proche. Aussi, ai-je décidé de passer ici.
LE DOCTEUR. Et vous avez bien fait.
IRÈNE. Je ne vous dérange pas ?
LE DOCTEUR. Au contraire, vous pouvez nous aider beaucoup. J’ai accumulé grand nombre de questions, auxquelles j’aimerais apporter une réponse sensée.
IRÈNE. (À Michel.) Mon cher, attends-moi un petit moment dans la salle d’attente, puis nous rentrerons ensemble à la maison. (Elle l’accompagne vers la sortie et revient.) Vous ne me proposez pas de m’asseoir ?
LE DOCTEUR. (Ôtant son masque.) Oh ! excusez-moi ! Asseyez-vous. Pas là, c’est la chaise des patients. Sur le canapé, s’il vous plaît. Une tasse de café ?
IRÈNE. Non, merci. Où en êtes-vous au niveau du traitement de mon mari ?
LE DOCTEUR. Je ne vous cacherai pas que nous rencontrons des difficultés de taille.
IRÈNE. Je suis sûr qu’un aussi brillant médecin que vous les surmontera.
LE DOCTEUR. (Flatté.) D’où savez-vous que je suis un bon médecin ?
IRÈNE. C’est une chose que tout le monde sait.
LE DOCTEUR. (Flatté.) Oui bon, tout le monde…
IRÈNE. Je vous assure. Vous avez une telle renommée, n’est-ce pas ? De plus, comment ne pas vous connaître, alors que vous suivez mon mari depuis un an et demi ?
LE DOCTEUR. Moi ? Votre mari ? Un an et demi ? C’est impossible !
IRÈNE. Excusez-moi, je me suis trompée. Pas un an et demi, mais deux.
LE DOCTEUR. Vous plaisantez ! Je n’avais jamais vu votre mari auparavant !
IRÈNE. Je comprends. Secret professionnel. Mais on ne va quand même pas le cacher à la femme du patient. Si vous saviez, comme j’en souffre !
LE DOCTEUR. Je peux l’imaginer. Une aussi charmante femme que vous mérite un meilleur sort. Peut-être, accepterez-vous, tout de même, une tasse de café ?
IRÈNE. Puisque vous insistez, je crois bien que je ne refuserai pas.
LE DOCTEUR. (Servant à son hôte du café et un biscuit.) S’il vous plaît.
IRÈNE. Je vous remercie. À présent, je comprends la raison de votre succès professionnel.
LE DOCTEUR. (Modestement.) Elle est simple : du savoir et du travail.
IRÈNE. Je ne l’explique pas tout à fait comme ça. Un médecin, avant toute chose, doit être un homme attirant. Cela agit plus efficacement que n’importe quel médicament.
LE DOCTEUR. C’est ce que vous pensez ?
IRÈNE. J’en suis sûre. Avec votre charme, vous pouvez obtenir des résultats étonnants. (Avec coquetterie.) Du moins, si nous parlons des femmes.
LE DOCTEUR. (Non sans une certaine fierté.) En effet, il est reconnu par la médecine, que la personnalité du médecin a une importance thérapeutique déterminée.
IRÈNE. Pas déterminée, mais décisive.
LE DOCTEUR. Vous savez, lorsque nous nous sommes parlé au téléphone… Je veux dire que votre voix m’a paru très agréable… du reste, je l’ai déjà dit… Et là, maintenant que je vous vois…
IRÈNE. (Avec coquetterie.) Vous êtes déçu ?
LE DOCTEUR. Au contraire ! À propos, pourquoi m’avez-vous dit d’abord que vous n’étiez pas mariée ?